24/eme jour FLAGSTAFF (AZ)/ WILLIAMS (AZ)

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(PS pour ojoj: en fait tu es la seule à m ecrire directement sur le blog je comprends pas bien, du coup j ai tes messages quand par hasard je tombe sur la page 'moderate', sinon j ai ceux des autres tout de suite, directement sur ma messagerie, mais comme je peux pas l expliquer, hahaha!!!! et alors j ai pas encore goûté les reeses sur lesquels je vais me précipiter, mais les butterfinger, qui comme leurs noms l indiquent...)


flagstaff est le premiere ville a l europenne ( un centre-ville, son eglise, sa rue commerçante avec des magasins collés les uns aux autres) que l on croise depuis, euh, 2000 km?? (hormis santa fe la defigurée)
on a donc passé la matinee dans le old town des anciens pionniers, il y a même une place avec un café et une...terrasse, à 2 doigts de m evanouir.
au p'tit dej, j ai pris de la truite fumée des rivières du coin, spécialité locale; j avais déjà fait camembert, cancoillotte et autres rillettes chez nous, mais poisson jamais: savoureuse expérience.

on est à 8000 pieds d altitude, et l air est beaucoup plus frais dans la région ( ce soir j ai un jean et un pull et c est la première fois depuis paris), du coup le coin est carrément agreable, en plus à en croire les quelques autocollants '01/20/09' (last bush s day) et autres allusions partout en ville, on est dans un lieu un peu à part.
il y a notamment un magasin immense, genre hangar, avec plein de trucs marrants à l effigie de Bush, representé avec à chaque fois une liasse de billets verts dans la main droite et une bible dans la gauche.(biscuits pour chien, bûche à brûler dans la cheminée, poupée vaudou, etc...)

le centre-ville est plein de djeuns, ça sent l etudiant en vacances, les gens sont plus minces (donc plus riches, on a fini par comprendre), et on s y sent à l aise; l hiver c est une station de ski, il y a des montagnes magnifiques tout autour, et selon les guides il y fait beau 300 jours par an, mais aujourd hui c est moyen, disons que ça se couvre vite en tout cas.

de fort bonne humeur donc après des emplettes on est parti gaiement vers le rêvé grand canyon, quittant à nouveau la 66; c est marrant parce que 'dans les films' je le voyais en plein desert, or il n est qu à une heure et demie d ici et on est quand même en altitude, entouré de sapins, de sentiers montant dans les montagnes pointues, de forêts de bouleaux à gogo.
une voiture a même freiné tout doucement et juste devant nous pour laisser passer une demi-douzaine de cerfs portant haut leurs bois, majestueux et graciles en traversant la route l un derrière l autre, pas un regard pour nous, moment de grâce, voitures arrêtées et moteurs coupés.

à quelques 15 miles du parc on a commencé à déchanter, notre premier jour de mauvais temps tombe mal, et c est de pire en pire.
à 2 miles de l entrée, c etait le deluge, il y avait un vent phénomenal et carrément un incendie juste dans la foret à côté de nous; on a vite fait demi-tour dans la fumée et le vent: voir le grand canyon sous la pluie, non merci, ce serait un peu comme ...voir le grand canyon sous la pluie.

pas pour aujourd hui donc; comme on a la chance d avoir le choix et le temps, on est retourné sur Williams, autre bled assez sympa dans la même veine que flagstaff quoique plus authentique, avec la bonne vieille rue principale ( en l occurrence la 66) et de chaque côté les maisons à un étage et toit-terrasse qui figurent si bien les villes de western.
on a assisté à un spectacle de rue, 5 comediens deguisés en cow boy avec force blagues grivoises et colts retentissants, c etait rigolo, et les americains etant super bon public et absolument decomplexés, ca a viré à la farce bon enfant avec tout le monde qui se tape sur les cuisses et applaudit.

j ai mangé mon meilleur steak malgré celui du Big Texan à amarillo et celui grillé sur la balançoire à mexican hat: viande super gouteuse et surtout accompagnée de véritables BROCOLIS et CAROTTES.
truc de dingue.
(ici ils râpent une sorte de gouda pour figurer des carottes sur les salades, et à chaque fois je me fais avoir)

on s est donc regalés au cruiser66, un endroit bien sympathique avec plein de vieilles plaques de pub d epoque gravés dans le metal, j y ai acheté une enseigne en néon. ca va être sympa à ramener...hum hum...

23/eme jour HOLBROOK (arizona)/ FLAGSTAFF (arizona)

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petit dej dans un boui-boui en face du motel, on s est reveillés trop tard et le service du matin ici c est jusqu à 9h, grrrrr.
ce matin on a fait la 'foret petrifiée' et les 'deserts peints' dans le même parc, au bord de la 66; la petite balade au coeur de Mesa Blue etait top, rien de tel qu un trekking sous un soleil de plomb pour bien commencer la journée! haaaaaaa! on est morts!
les arbres sont tellement vieux et ont subi tellement de changements climatiques qu ils se sont fossilisés tous seuls comme des grands, c est magnifique ces troncs de pierre de toutes les couleurs, on dirait du marbre, il y en a des centaines un peu partout dans le parc, et si tu les touches c est 375 dollars d amende, pas toucher on a dit.
le 'desert peint' c est trop drôle, on imagine bien un artiste géant muni d un pinceau à son envergure tirant de grands traits roses, verts, parmes, gris, à l horizontale sur le flanc des petites collines, c est magique.
on a vu un corbeau gros comme une poule grasse et plein de lezards, peu de touristes, on etait un peu les rois du site, les paysages appartiennent à ceux qui se lèvent tôt.

on a repris tranquillement notre petite 66 inimitable qu on sait desormais reconnaitre au premier coup d oeil; arrêt à Jackrabbit, un lieu-dit avec des lièvres geants (scultpures, peintures, photos) partout. les garçons ont hesité à s acheter des slips kangourou avec le slogan de la 66 'here it is' et un lapin à l endroit du zgeg, trop classe, ils seraient allés dormir dehors je te le dis tout de suite.
devant le 'jackrabbit trading post' il y avait même une caravane surannée qui n avait rien à envier à celle d helene, enfin j me comprends...

les pubs pour les motels de la region jouent sur le ' no noise train' par rapport au train de santa fe dont la locomotive possède une corne au son delirant, tres puissant, d ailleurs n est-ce pas lui que j entends derrière ma tête!
c'est donc ça...tu m etonnes: il fait nuit, on vient d arriver à flagstaff, et le motel donné à 55 dollars dans une ville touristique par excellence, avec 2 lits king size, une moquette tellement épaisse qu on croit marcher avec des raquettes sur la neige quand on est en tong dessus, et la bonne vieille holy bible dans le tiroir (valable dans TOUS les motels), il lui fallait bien un defaut... on va donc dormir avec le sifflement du train en pointillé...

ceci dit entre les balades au parc de ce matin, la route, la pause au meteor crater - un trou dans l arizona causé par une meteorite il y a 50 000 ans- on est complètement morts et on devrait s écrouler sans probleme, train ou pas.
au meteor crater on s est encore pris un orage féroce, avec des nuages dorés par le soleil d un côté et la pluie démente de l autre. et puis ce phénomène dingue, on voyait 1 soleil de part et d'autre de la voiture, car le vrai était reflété haut dans le ciel par je ne sais quoi (nuage?) et apparaissait en symétrie de l'autre côté, bon c'est pas facile à expliquer mais c'était dingo, le ciel de ce pays est fou et ça fait des photos incroyables.(héhé)

dès notre arrivée à flagstaff c etait soiree country avec concert en live au museum club, alias 'the zoo' pour les autochtones, un repère de pionniers erigé en 1931, aujourd hui gros chalet de rondins plein de cowboys chapeaux blancs/ t-shirt dans le pantalon et cowgirls à boots pointues, jean moulant et ceinture qui brille, tout ca embringués dans des quadrilles pas possibles sur une piste de danse en bois.
j'ai adoré, on a mangé sur place et j ai filmé pour apprendre les pas car nous sommes samedi et c est uniquement le jeudi soir qu un clone de burt reynolds donne les cours de danse country gratos.
et vas-y que ca tape du pied par terre, ca pousse des cris, ca tourne en rond toujours dans le meme sens, Haw dee!

ah bah non ça c est le cri des vachers texans, ici c est plutôt...Yi haaaaa!

22/eme jour PAGE (arizona)/ HOLBROOK (arizona)

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on a fini par quitter Page, ses douces plages de rochers rouges et ses jet skieurs bronzés plein de sous, et on a definitivement laissé ' l 'utah lunaire' derrière nous, comme dit Kerouac.

j ai conduit 4 heures comme si j étais allée chercher du pain; on est en pleine traversée de l arizona profonde, quelque part entre Hotvilla et Polacca, en haut territoire indien Hopi. il est donc interdit de prendre des photos sans leur autorisation, d intervenir pendant des ceremonies, et surtout de leur apporter de l alcool.
quand tu vois où ils habitent et dans quel etat on les laisse, tu comprends qu il y ait danger avec la boisson: merveilleux antidote, ils vivent dans des roulottes ou des maisons en parpaings gris pas finies et les mômes des rues sont en haillons, ils sont là completement delaissés, c est d une tristesse, les bleds sont perdus, personne n y passe, tout autour de grandes plaines sèches et mornes et de temps en temps un canyon, une mesa, des chevaux sauvages.

nous-mêmes on ne sait pas si on est en plateau, en altitude ou même dans une vallée, on n arrête pas de monter et de descendre et on a complètement perdu nos repères.

l instit a repris le volant, il mâche ses chewing gums la bouche ouverte avec de grands bruits de succion degoûtants, c est vrai qu il sent le vieux garçon à plein nez, il a lavé 3 slips depuis notre départ, mange bruyamment, pousse des 'HHHaaaaaaa' avec des 'h' gutturaux pendant plusieurs secondes à chaque fois qu' il a fini de boire, pète comme un animal dans les toilettes tous les soirs et porte le même pyjama bleu pilou râpé qui lui descend sur les fesses depuis Chicago.

le borgne est beaucoup plus sociable mais il fait la gueule tous les matins sans exception et l oeil qui lui reste fusille son entourage pendant les 2 premières heures de la journée; apres il redevient très sympa, mais c est une attitude assez destabilisante. il se gratte beaucoup (!!!!) et tremble pas mal mais ça je m en fous, ca n empiète pas sur mon espace vital...

voila pour les us et coutumes de Tom et Jerry, charmant tableau n est il pas!?
pas de violence, c est les vacances!

la route continue de filer tout droit, on dirait un grand ruban de goudron noir qui luit sous le soleil à tel point qu on croit qu elle est mouillée, et qu on se fait avoir à chaque fois.
à l est on voit la pluie descendre dans une parfaite verticale et par traits epais sur les plaines et à l ouest il fait super beau, on est au milieu et on ne sait pas à quelle sauce on va finir la route, tout ce qu on sait c est qu il est 14h53, qu on n a pas mangé, qu on est chez des indiens à qui on a à peine le droit de dire bonjour et à qui on a acheté regulierement des bijoux et autres babioles depuis Monument Valley histoire de soulager nos pauvres mauvaises consciences de cowboys en puissance.
on pue le touriste à 100 miles à la ronde, c est difficile d obtenir un sourire ou un renseignement, il faut faire des blagues, un peu l andouille, et après les hopis se marrent et taillent la bavette mais c est beaucoup d effort, et il y a derrière tout ça une rancune tenace envers ceux qui les ont oubliés dans leurs pauvres plaines où les schoolbus ne doivent pas s aventurer trop souvent.

tout à l heure j ai fait pipi pendant 67 secondes, en comptant doucement, à l arrière d une station service parce que les indiens n ont pas de 'public restroom'. je le dis parce que je pense humblement que c'est un record, à vérifier en rentrant.
auparavant, en guise de toilettes, on avait juste trouvé une cabine en plastique jaune plantée dans la pampa avec une cuvette pleine de mouches et de larves grouillantes, tout ça s affairant et merdoyant sous un soleil de plomb, résolument inutilisable.j'ai conduit des heures avant de pouvoir pisser, impossible de m'arrêter en bord de route à cause des serpents, le cauchemar.

on a quitté lâchement la misère et on s est arrêté à la jonction de notre 66 retrouvée dans un relai de routiers où il y a même une chapelle reservée aux truckers professionnels. on y a mangé en plein après midi comme des goinfres un plat de camionneurs et sa boisson qui va avec, un litre de coca. blurp.

on vient de se poser à holbrook, encore une ville à voitures, des sculptures de dinosaures kitschissimes à tous les coins de rue, et on y a trouvé notre record de nuit, 35 dollars TTC avec petit dej chez un indien d inde maigrichon qui rigole tout le temps.
le motel est vide de chez vide, on est tous seuls et pour une fois, c est moi qui suis pas trop rassurée, faut voir la ville, on dirait qu elle est jumelée avec Groom, Texas, tellement elle est sinistre.
heureusement, y a Ratatouille au ciné à la séance de 19h00, j ai planté les freakbros' et je bois une Bud dans sa bouteille en métal rouge au saloon, parce qu il faut pas mourir idiot.
c est assez familial pour le moment, on me dévisage gentiment, il y a beaucoup d indiens, quelques blancs.

le souci dans ces villes moyennes americaines c est qu il n y a pas de piétons, et donc pas de quartier vivant, alors c est assez flippant de tracer le soir, voire dangereux aux carrefours blindés d énormes 4x4. (avez vous deja vu un hummer limousine????je dis ça j en n ai pas revu depuis chicago mais bon..on a vu toutes les sortes de 4x4 de la terre, je résume, on est des rigolos tout petits dans notre Buick)

il fait nuit très tôt dans la region, ca fait bizarre en plein été, le soir il n y a rien a faire à part aller voir l unique film du ciné et se bourrer la gueule au saloon (chuis trop locale); je comprends bien le desert culturel auquel faisait allusion la commerçante d albuquerque, on est en plein dans l amerique profonde, et c est pas joli joli.
mabrice feignant à holbrook, c est un peu la lumiere de la ville*.

PS: je sors de Ratatouille, il y avait plein de mômes c etait tres sympa mais tous avalaient des pop corns soufflés dans un immonde graillon qui sentait jusque dans la salle, gonflé devant ce genre de film de gourmet.
voir Paris la belle sur la grande toile au fond d un bled pouilleux de l arizona, ca vous redore le blason pour l eternité.

* 110 volts.

21/eme jour PAGE/ PAGE

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ben oui, on est tellement peu habitué que je l avais oublié, ce jour 'immobile', c est donc aujourd hui que je suis allée au lake powell et que je suis cuite par le soleil...
cette journée sans un volant entre les mains nous a fait un bien fou, et de ne pas être cloitrés tous les 3 pendant 5 heures d affilée dans les 3 mètres carré d une voiture aussi....vive les bols d air!
ceci dit demain on reprend la route de plus belle, et on va fêter nos 3000 Miles sur le chemin.

en avalant ce soir nos mashed potatoes sauce gravy arrosé de dr pepper, on a changé nos plans: on va finalement rejoindre un peu en arrière notre chère 66 près de là où on l a quittée (gallup, nouveau mexique) en traversant plein de bleds aux noms rigolos (dont 'hotvilla': trop fort, encore un peu et on est chez moi...) pour aller ensuite jusqu à flagstaff sur la 66 en passant par le 'desert peint' et la 'foret petrifiée' et plus tard, on remontera sur le grand canyon et las vegas.

donc, see you later, aligator, in a while, crocodile!

PS: je ne sais pas ce qu il se passe avec les commentaires, j ai l impression que je ne les ai pas tous (pas de traces de tes moultes questions ojoj); en plus sur le PC de l hotel, TOUS les caracteres de la page de mon blog sont transformés en petits carrés opaques, et donc illisibles, je dois me servir de ma mémoire visuelle pour me souvenir que 'publier' c est à tel endroit, ' corriger' sur telle autre page, etc, une galère sans nom, c est curieux le coup des carrés, je ne comprends pas, esperons que c est à cause de cet ordi, tout ca pour dire que moi je les aime les commentaires alors continuons petit patapon, j essaierai de mettre de l ordre dans tout ça plus tard)

20/eme jour MEXICAN HAT/ (utah)/ PAGE (utah)

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(je suis sur l'ordinateur de l hotel, il y a des allemands qui passent à table et il est...17h45!!!!! sont barjos...)

on a ouvert la porte vitrée, le ciel était tout neuf et en face du motel, allez, à 300 mètres, un énorme plateau, une mesa géante à strates rouges plus ou moins claires, insoupçonnable dans la nuit et l orage, imposante, magnifique.
on a petit dejeuné dans un cafe (!) au dessus d une rivière de glaise verte, au pied des falaises, et on est parti pour Monument Valley. (il n'y a pas de 'café' sur la route, seulement et rarement, de vagues saloons)

comme son nom ne l indique pas, monument valley n est pas une vallée mais plutôt un paysage assez desolé dans les tons rouges foncés avec plein de boules de feuillus verts au sol, un daltonien y deviendrait fou.

les règles y sont très strictes, la balade dure 2 heures, elle se fait dans la voiture, on ne sort pas des sentiers balisés, on ne prend pas de photo des pauvres indiens navajo parqués ici -sur leur territoire-, et on ne marche pas sur les chemins.
un paysage desolé donc, mais quels 'monuments'!!!!

c est somptueux, les garçons ont evoqué 10 fois Blueberry avec les yeux qui brillaient, moi j ai pas lu Blueberry mais quelle claque, la monument valley c est the decor du western à indiens, il y a une dizaine de pitons de grès rouge, tous commencent par une pente douce surmontée d un bloc plus ou moins fendu, plus ou moins massif, mais toujours très haut, et figurant des formes, il y a 'les 3 soeurs', qui sont 3 cheminées tres fines à la cappadoccienne erigées vers le ciel, il y a 'l elephant', un enorme bloc avec en verticale des strates pouvant effectivement ressembler à une trompe et une longue oreille; le chameau, je ne vous fais pas de dessin, et tout ça est magique, on s en met plein la vue et Blueberry n a qu à bien se tenir.

on est effectivement resté 2 heures à crapahuter sur une route bien pourrie, la Buick est ressortie rouge et pleine de boue, et nous contents comme des gosses sur un tournage de film, c etait canon.

ensuite on a trace jusqu à Page, une grosse ville bâtie en 1947, pleine de centres commerciaux et de pompes à essence, moche mais dans un super environnement.
comme on est nazes de la voiture et de notre vie de nomade, à entrer et sortir et ranger et trier la valise chaque matin et chaque soir depuis le jour de notre départ, on a decidé de faire une pause ici, et d y dormir 2 nuits d affilée, truc de malade.

on est donc dans un motel quasi luxueux: internet, piscine et petit dej pour 54 dollars, en plein 'centre ville ' ( sachant qu aux etats unis il n y a pas de centre ville dans les villes moyenne, c est donc tres anonyme et forcement vehiculé).

ce matin j ai lâché les guignols pour aller au lake powell, un lac magnifique qui serpente dans le glen canyon, j ai trouvé 'une plage' sauvage sans sable pleine de rochers doux et empilés finement comme de l ardoise, mais rouges et magnifiques. j ai pris des photos débiles de moi-même sur ces collines plates et vermeilles, je suis contente, hihihoho.
j y suis retournée avec un pique-nique et j y ai passé l apres midi (on vient de changer d heure), nageant entre l utah et l arizona, à cheval sur une ligne invisible au fond du lac, pas loin du barrage (un monstre vu d en haut, heureusement que je l ai pas capté avant..!)

hier soir on est allés au cine, un seul film par semaine et 2 séances, une à 18h00 et une à 21h00, pas bien folichons ces gars de Page, on s est pris harry potter en pleine face, on etait 7 dans la salle (sinon j ai lu la derniere page du dernier harry potter qui est déjà sorti ici et je sais tout, tralalalalèreu)

demain on part pour le grand canyon, on aura peut-être internet d ici 3 ou 4 jours, vers flagstaff (pour info zuli, on fait le tour à l envers et on a fait la boucle avant, du coup à flagstaff on ne fera que reprendre la route 66)

le dos me pique, j ai pris un coup de soleil je crois, aie aie aie, et puis c est pas à mes compères que je vais demander de m etaler de la crème , ah j vous jure, c est pas facile tous les jours...
allez hop, à la laundry pour la 2eme lessive du voyage, parfaits petits gorets en goguette que nous sommes...

19/eme jour CORTEZ (colorado)/ MEXICAN HAT (utah) et RAPPEL AMARILLO

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(PS argh il se passe tellement de choses qu on en oublie la moitie, merci m. pour le rappel!!!oui oui oui on est allés voir les 10 cadillacs superbement fichées dans le sol à la sortie d amarillo, à la queue leu leu, toutes enfoncées le nez dans la terre jusqu à la moitie, trop belles...des bombes de peinture sont à dispo pour participer à cette oeuvre d art insolite, j ai fait mon petit dessin, et plein de photos! )

c est donc brune que je vais crapahuter dans le parc de mesa verde, un parc à flanc de montagne, dans lequel ont vecu les ancêtres des indiens, apparemment incendié recemment vu l etat des arbres calcinés et grillés sous le soleil.
il n y a pas de vent, ça sent la resine de pin et il fait tres chaud, il faut payer l entree du parc et ensuite choisir ses excursions; il y a le village troglodyte accessible uniquement à la verticale par une échelle en bois tordu et glissant de 30 mètres de haut, il y a l autre village par lequel on accède à 4 pattes dans un tunnel (il y a d'ailleurs un fac similé du tunnel près du visitor center, pour verifier que tu rentres bien dedans...) et nous au hasard, haha, on a choisi cliff palace, une mini rando sans danger vers quelques-unes des habitations de grotte vieilles de plus de 800 ans. le parc est magnifique, on a fait le loop en voiture mais il y a enormement de monde et disons 3/4 des touristes sont des français qui parlent fort. on etait bien plus tranquilles sur notre petite 66.

à cliff palace, les maisons troglodytes ont beaucoup de tours rondes et le village est caché, construit dans une alcôve horizontale assez haute pour y bâtir des habitations de presque 6 mètres de haut, le tout surplombant le canyon.
les ancêtres des indiens sculptaient les pierres tombées des falaises pour en faire des briques, sacrés architectes, ils ont vécu là pendant 100 ans et tout est intact, blanc sable, magnifique reflet sous le soleil, et completement camouflé du sentier pourtant juste au-dessus.
pour remonter il faut gravir 3 échelles à la verticale sur des rochers mais moins impressionnantes sur place que vues d en bas, pas de quoi casser 3 pattes à une wild turkey, l énoooooorme dindon local ( à propos de piaf j ai vu un martin pecheur bleu tout à l heure, il remontait de la macos river et il brillait)

ensuite on a rencontré david franz, un ranger qui nous a raconté l incendie de 2003 qui a effectivement ravagé une grande partie du parc et comme il voyait qu on etait friands de ses recits il a enchainé sur des histoires d alpinisme dans la region, comme celle de ce type qui a coupé son propre bras coincé sous un rocher -en laissant donc sa main et son poignet- avec un couteau qu il avait sur lui, pour pouvoir continuer à avancer sans mourir sur place et être devoré par des turkeys vultures tournoyant au dessus de sa tete.
il nous a raconté aussi l histoire de ces 3 gars dont le dernier de cordée s est cassé la jambe, et dont il a fallu se débarrasser-cruelle loi de l alpinisme- en coupant la corde à son niveau, puisque sinon tous etaient condamnés et qu il oscillait dans le vide depuis un moment déjà, genre le poids mort dont il faut se délester pour survivre.
le truc c est que le sacrifié s est casse l autre jambe en tombant, foulé les poignets, ouvert la tête et tout ce que tu veux mais qu il n est pas mort dans sa chute et qu il a reussi à remonter jusqu au campement, hé salut les gars, sans rancune, il reste du cassoulet ou bien?

tous ces recits relatés au bord du precipice de 250 mètres, merci ranger david franz!

ensuite on a visité le musee du parc, fourmillant d objets ayant appartenu à des indiens d un autre temps: chaussons en peau de dindon, arcs, poteries, bijoux, chouettes maquettes et oiseaux empaillés.

on a quitté mesa verde sous l orage ( tous les jours à 17 heures, décidément!) et la pluie a changé la donne tout de suite: les arbres calcinés se sont transformés en squelettes dressés vers le ciel plombé, il faisait presque nuit et on arrivait à peine à avancer en voiture (7000 pieds, il faut les redescendre...), tout ça sous des eclairs monstrueux, vision fantomatique.

et c est la que le spectacle a commencé; d abord on est passé par 'four corners', l unique point geographique où se croisent 4 etats au même endroit: le colorado, l utah, le nouveau mexique et l arizona, et puis apres ' on en a eu pour notre argent' comme dirait l instit.

on est tombe au coeur d un orage sans pluie et sans bruit hallucinant, avec des éclairs 3 fois comme ceux de mesa verde, suivis de leurs répliques immediates, tellement puissants et lumineux qu on aurait dit des arrêts sur image de quelques secondes avec l empreinte qui fait mal aux yeux.
ça a duré une cinquantaine de miles, en fait ça devait péter de partout mais on n avait pas le son, j imagine pas au pied du truc...il y en avait à droite, à gauche, devant, on ne savait plus où donner de la tête et on se sentait tout petits dans la voiture, et toujours pas une goutte d eau.

on a fini par arriver en utah à mexican hat, un bled flippant sous le non-orage mais sûrement tres sympa demain matin.
le motel est atypique, on rentre dans les chambres par une baie vitrée qui fait porte et ne peut se fermer (avec un cadenas!) que de l extérieur; le borgne est flippé, il ne sent pas l endroit, et moi je me marre, les mecs c est plus ce que c etait. ( à chicago il a quand même fallu apprendre a l instit comment conduire une automatique, sans deconner....)

on a mangé dans le resto d en face de savoureux steaks braisés sous nos yeux sur un systeme de grill sur balancoire au-dessus d un feu, plus haricots rouges juteux et vraie salade, un festin, le tout devant une minuscule scene avec une chanteuse country à la guitare et un moustachu en stetson en tierce a la contrebasse, tout ca sous la pluie (enfin!), divin!

18/eme jour GALLUP (NM)/ CORTEZ (colorado)

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ah ah!!!! pleines de surprises ces villes mortes! pour le petit dej' on s est arretés chez un biker qui ne servait que du café mais qui nous a filé l adresse de 'jerry s': portes closes, persiennes baissées, pas de lumière mais quand tu entres...tout Gallup réuni autour des tables, braillant espagnol, mêlant chili et chocolat chaud, piments et bacon au petit dej, tout en vendant des bijoux argent et turquoise à la criée, quelle vie ça menait!

arrêt éclair à la public librairy où je suis là maintenant pour une pause internet, histoire de mélanger les m et les virgules, les a et les q, on kiffe qwerty.
(quelques mois plus tard, j'ai ajouté des ¨, des ^, des é, des à, quelques accents et autres ", pour faciliter la lecture)

les gens de gallup sont tres typés, visage large et plat, petit nez, peau café au lait, les pommettes tendues vers les oreilles, beaucoup descendent des navajos.ils sont super sympas mais ont l air un peu sévère, et nous matent de bas en haut. il y a tres peu de blancs et évidemment pas de touristes.
il y a beaucoup de djeuns avec des looks pas possibles, piercing au menton et coupes iroquois, et des vieux aussi qui viennent consulter internet, pas mal de familles entières également.
tout le monde a son tatouage, je dirais à partir de 20 ans, mais c est valable pour le reste des endroits qu on a croisés. la mode pour les femmes étant de se faire tatouer sur le sternum, au milieu, à la base du cou, j en ai froid dans le dos.

(je continuerai plus tard, on va faire vérifier la voiture avant de partir dans les montagnes!
pour info je lis tous vos commentaires même s ils ne sont pas en ligne ( je ne comprends pas pourquoi car je les valide tous, evidemment), et j adooooooore, parce que bon, heckel et jeckel ils sont sympas, mais c est pas mes vrais poteaux, quoi....allez, bisous!)

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LA SUITE

on a quitté Gallup, le paysage se fait plus plat à mesure qu on avance vers le nord, mais en face se dressent d énormes montagnes jaunes.
de chaque côté, des plaines de terre et d herbe sèche, on a délaissé la 66 pour la...666, veridique, et à l heure ou je vous cause on est en route pour mesa verde, qu on devrait atteindre ce soir.
visiblement le Nouveau Mexique a des soucis avec l alcool, on croise beaucoup de panneaux 'do not drive drunk' et d incitation à la délation des mecs bourrés au volant; on a aussi vu une grosse pancarte bande-dessinée en 4 panneaux sur le bord de la route: 'the more you drink the ugliest your life will be' figurant un type de plus en plus loqueteux sur le pas de sa porte. tout ça me donne soif. hehe.
(tu parles, avec mes joyeux drilles je fais une cure, pas bu une goutte d alcool depuis le Buddy Guy à chicago!)

tout au long de la route on passe sur des rivières assechées et disparues, il y a peu d arbres, de la terre jaune comme du foin, des cailloux, et la plaine va jusqu à un peu plus loin que l infini.
le sol est parsemé de mini arbustes en boule et de touffes d herbes acerées couleur d olivier, qui percent la terre avec leur feuilles longues, fines et pointues.
on vient de croiser un bouc cornu qui broute (quoi?!) sur le bas-côté!
il y a des nuages tellement hauts et gros qu ils font de l ombre à des montagnes entières, on croirait passer dans une eclipse.
on a laissé les montages à l ouest et on roule toujours vers Shimrock, vers le nord; au milieu des plaines surgissent de temps en temps des montagnes toutes droites et aigues, hautes et etroites, acajou clair, et tout autour ces grandes plaines sèches et pâles.

c est mon tour de 'non conduite', alors j ecris, je mate, je prends des photos, je chante à tue-tete avec janis joplin à la radio. on n a pas emporté de CD, et 'call me' (un CD acheté dans une station service en illinois), j adore, mais au bout de 10 fois tu lui raccroches au nez à Blondie.
à ceux qui prendront la route, n oubliez pas votre musique...

chacun est occupé à bouffer du paysage, on a tous les 3 un sourire idiot et des yeux qui avalent, on n a pas parlé depuis 60 miles et ca en dit beaucoup.

la route file droit vers une barre rocheuse en plateaux et falaises abruptes à l Est et douce montagne en chapeau à l Ouest, parfois ca manque de géologue parmi nous parce qu il se passe des trucs ici, j aimerais bien qu on m explique.
à part quelques nuages en corolle au-dessus des montagnes le ciel est redevenu bleu et les falaises sont roses pâles et les plaines toujours jaunes et claires et tout ca est comme une peinture géante et parfaite.

j ai fini par reprendre le volant et le paysage a changé, les montagnes pointues ont adouci leurs arêtes, se sont amincies, éclaircies, et ont fini par ressembler à des flamby geants, avec les mêmes vaguelettes verticales et arrondies tout autour.

j ai retenu la leçon de nicopuff qui a dit un jour qu' 'il vaut mieux écraser une bestiole plutôt que d aller dans le decor'.
j ai donc roulé sciemment sur une mangouste? belette? écureuil? sorti de nulle part en évitant un truck bleu metallisé à 2 cheminées en face et un ravin caillasseux à droite.
les camions ici feraient peur aux Transformers; tant pis pour la mangouste? belette? ecureuil?

nous sommes entrés à la pointe du 'colourful colorado' quasiment dans un desert et puis d un seul coup Shimrock, un patelin au milieu de rien, et puis de nouveau les plaines sèches et enfin Cortez, une grande ville perdue dans les montagnes.
à gauche de la grande route, des ' paturages' et des prairies verdoyantes entretenues à grands jets de tourniquets, et à droite des étendues sèches et desertes.

notre motel est plein, il va y avoir beaucoup de monde à Mesa Verde et dans les environs, on verra ça demain, en attendant j ai acheté une coloration pour les veuches chez Walgreens (supermarché) avant de ressortir manger, les freaks brothers m ont attendue une heure pour me voir arriver de la salle de bain toute brunette: ca leur apprendra à voyager avec une fille!

17/eme jour ALBUQUERQUE (NM)/ GALLUP (NM)

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ce matin on s est reveillés comme des chacals à 9h40, du coup on a loupé le free breakfast du motel. on s est rattrapés au denny s du coin avec un 'lumberjack breakfast' qui porte bien son nom, des saucisses, du bacon, du jambon grillé au miel, des toasts grillés au pain complet, des pancakes au sirop d erable, 2 oeufs sunny side up et des patates râpées ( oh hash browns chéries...)

on est allés au flea market mexicano d Albuquerque, excentré, un gigantesque vide-grenier près des terrains de baskets, avec des flics en ray ban à tous les coins d allee et des poings americains à 8 pointes et lame tranchante sur le dos de la main pour 8 dollars.
il faisait tellement chaud et lourd que très vite des grosses gouttes ont commencé à nous fracasser les épaules; depuis qu on est en altitude il pleut une fois par jour, et les nuages sont enormes, des monstres gris et pesants, à l echelle de l immensite du pays.
heureusement ça ne dure jamais longtemps, et on est repartis de l autre cote de la ville pour faire une balade parmi des pétroglyphes indiens de plus de 3000 ans. (dessins sur la pierre)
c est tres drôle, les indiens dessinaient beaucoup de hannetons (!) entre autres bestioles, mais également des hommes pourvus de 2 bites.
visiblement, on savait s amuser sous les tipis.


on y a croisé des 1000-pattes geants et des lapins immobiles, comme figés en statue le long du chemin. la promenade fait quelques centaines de metres, et elle mène au sommet plat d une mesa d où l' on voit Albuquerque, la montagne Sandia et les volcans.
la Sandia est perchée à plus de 3000 mètres et il existe un telepherique, le plus long du monde dixit les guides, qui emmène les courageux au sommet pour une balade au dessus des plaines de plusieurs kilomètres.
sans moi!

d Albuquerque on est ensuite parti pour Gallup, un des derniers pueblos avant la frontière avec l Arizona.le train de Santa Fe, celui des films, passe par là et dechire la nuit de son coup de corne incroyable; les trains ici mesurent des kilometres!!

en arrivant tout a l heure, on a assisté à une danse indienne donnée par 3 indiens à têtes d azteques, tous en plumes chatoyantes, avec un chant bizarre à une voix et des percussions inconnues. sur le chemin on voulait aller en admirer d autres à Acuma, un village en haut d une mesa, mais les horaires sont compliqués, les visites forcement guidées, on croirait visiter une prison sous le joug americain ( et c est sûrement le cas), on a donc decidé d un commun accord de laisser les indiens tranquilles.

sur le chemin de Gallup on a croisé la ville de Grants avec son uranium cafe à gros logo vert et pancake geant ( devenu une boutique de tatoueur), sa cheminee fumante ressemblant etrangement à celle d une centrale nucleaire et 1 enorme raffinerie crachant des flammes jaunes en centre-ville, à 100 pas d une nature majestueuse. quel culot.

le nouveau mexique est le pays des haricots sauteurs et du roadrunner, le 'bip bip' du dessin animé, et bien entendu laurel et hardy rivalisent de plans ingenieux pour en choper un avant de passer en arizona, tels 2 bons coyotes!
hardy-le-borgne fait son caprice et dit qu il ne partira pas d ici sans avoir vu son bip bip, parce que la dernière fois il voulait passer par le village de ' calumet' et on n a pas fait le detour; 'calumet' est donc devenu notre arlesienne et on l emploie à toutes les sauces, keskonsmarre!
il veut sa vengeance de calumet!!! l instit prend coups de soleil sur coups de soleil et est rouge comme les falaises, un vrai camaieu. il porte les memes t shirt 4 jours de suite à chaque fois, alors que trimballe t il dans sa valise de 25 kilos, c est un mystère.

c est vrai qu il y a plein d animaux par ici, et à defaut du roadrunner on a vu un chien de prairie dressé derriere un petit rocher, et on nous a même parlé du 'jackalope', un lievre à bois qui serait croisé avec une antilope, sans aucun doute le dahu local (il faut voir la tronche du lapin sur carte postale!!!)
ceci dit on rigole on rigole, mais on nous a appris que dans la foret de Pecos où l on s est perdu avant hier il y a et des lynx et des ours... super.

ce soir j ai gouté au corn dog, une sorte de sucette panée chaude et ovale ( c est une knaki enrobée de friture au maïs avec un bâton dans le cul, une tuerie), pas du tout local donc, mais ca m evite les chilis et autres jalapenos qui piquent, specialites de la region qui me rendraient malade vu qu un sandwich non spicy ici t envoie aux toilettes pour les prochaines 24 heures ( l instit a testé pour nous, sympa les toilettes communes, ah, les aleas du voyage en groupe!)

les gens du coin sont tres sympas, on a ete invités à rentrer dans 'el rancho motel', un hotel où ont sejourné des stars de cine venues tourner des films dans la region.
il y a la chambre de katharine hepburn, celle de mae west, de jane fonda, de burt lancaster, d humphrey bogart, de robert mitchum, etc, etc...
le lieu est drôle, les acteurs avaient leur chambre donnant sur une coursive à laquelle on accede par un escalier digne de Cannes mais version western, en bois, cuir et cornes. idem pour le decor, un peu abusé mais couleur locale des que tu regardes par la fenetre vers les montagnes.

il y a plein de photos et d archives, et le gerant est adorable, mais bon il nous a pas invités à dormir non plus, et puis c est pas avec mes coquets boulets qu on va passer pour des stars de ciné, meme sur la route qui mène à hollywood.

dodo au motel 'capitan', 50 dollars, garé devant la chambre, grande salle de bain, clim, frigo et micro ondes, la vie est belle!

(PS aujourd hui on quitte la route 66 pour remonter vers le nord avec un arrêt prevu à cortez, histoire de crapahuter vers mesa verde, monument valley et le grand canyon, du coup la prochaine grande ville sera flagstaff, mais quand, d autant qu on a un jour d avance sur notre planning, donc on va sans doute en profiter pour trainer un peu.j aurai sûrement pas internet pour souhaiter un bon anniv a jojo...et c est demain... t as qu à lire la suite que demain, jojo, attention, arrête de lire....

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....24 juillet:BON ANNIVERSAAAAAAAAIIIIIIIIIIIRE JOJOOOOOOOO !!!!!!!!!!)

16/eme jour SANTA FE (NM)/ ALBUQUERQUE ( NM)

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on a allumé la télé dans la chambre hier pour assister à l evenement harry potter à defaut d aller trouver une librairie à minuit a santa fe...
les infos braquées sur l irak, sex and the city, futurama, une rediff de 'cocktail' (ha la tête de con), 'rescue me' et 1000 autres programmes entrecoupés de pubs, la dernière etant inevitablement entre la fin et le generique... (pour info, monsieur Propre s'appelle mister clean, il fallait y penser)

ce matin apres notre nuit hors de prix on a fait un tour dans santa fe, un des plus vieux villages des US, avec des maisons basses comme fondues dans la terre ocre, c est tres tres joli et plein de charme mais il y a trop de magasins et les souvenirs sont souvent fabriqués...en Chine.c'est toujours sympa pour les indiens du coin et leur savoir-faire artisanal.

le paso doble à fond dans la Buick c est l ideal pour rouler au nouveau mexique et en plus, la radio ne donne pas le choix.

c est donc au rythme de cansones en espagnol que nous avons rejoint Albuquerque (60 miles la journée, petits joueurs).
sa vieille ville ressemble à santa fe en plus humain, et son centre ville actuel est tres animé et pour cause, en ce moment, c est la fête à billy the kid!
il y a des concerts à tous les coins de rue.

on s est pris un orage tres violent, à peu pres autant que celui d hier et plus long, on est en altitude, le ciel est plombé, les eclairs semblent faire 1000 kilometres de long et l'atmosphère est très lourde.

dans le old town, une commerçante m a dit qu elle avait vu recemment 'sicko' de mickael moore, et que depuis elle revait de venir vivre en france, qu aux etats unis quand tu es malade tu es mort, et quand tu es pauvre tu l es aussi , que la middle class est effrayante, que les americains n ont aucune culture et sont stupides, que si elle avait de l argent elle se tirerait fissa, que beaucoup d americains pensent comme elle et changent d avis sur Bush qui personnellement la terrorise (elle a dit 'scares me to death').
un bien charmant tableau brossé à voix basse dans son arrière boutique.
mais elle a souligné aussi la beauté de son pays, ce qui la rend encore plus triste.

ensuite est venu le grand moment quotidien de la recherche du motel pour la nuit.
on a d abord été attires par une enseigne des plus etranges qui affichait un ' european welcoming' et où on a été reçu comme des chiens! enorme coup touristique ou inconscience, en tout cas l accueil europeen, on s en souviendra.

ce soir on est allés écouter diabate toumani, un malien joueur de kora et son groupe senegalais; tous s adressaient au public en francais, depuis leur enorme scene et ont eu un succes dement.(il y a aussi un festival de jazz cette semaine avec entre autres sonny rollins).
il y avait une sacrée communauté hippie qui ondulait les bras en l air, et nous on s imaginait le meme genre de concert cosmopolite et joyeux à 'Groom', cet atroce bled texan avec le resto du curé gourou, on etait mort de rire à l idée de faire se croiser les babas à franges et sourires hébétés avec les texas rangers à stetson, rigides et secs.

il y a des flics, sympathiques et bonhommes à premiere vue, à tous les coins de rue, et dans le centre-ville, des grappes de mecs impressionnants (notre banlieue me fait sourire à distance) autour de leur bagnole (16 ans, donc...), rap a fond, portes ouvertes, regards qui glissent mais calmes.
il y a beaucoup de théatres dont les neons brillent de 1000 feux clignotants, comme 'el rey' et son spectacle musical (on est samedi soir), ou le 'kimo theater', dont le slogan affiche ' danse till you drop', et apres ca on achève bien les chevaux.

toute cette vie, ces gens, cette musique, ces enseignes lumineuses, ca nous réveille un peu de notre 66 droite et nostalgique et de ses villes fantômes mais point trop n en faut, on n est plus habitués!

15/ eme jour TUCUMCARI ( nouveau mexique)/ SANTA FE ( NM)

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on est parfaitement conditionnés: à chaque flanc de montagne on s attend à voir surgir les indiens et sur chaque riviere on croit apercevoir un cowboy abreuvant sa monture, on est à l evidence au milieu d un western mais quand c est pour de vrai, c est quelque chose.

on comprend pourquoi le nouveau mexique est surnomme 'the enchanted', c est effectivement magique, même si la route est de plus en plus dure à suivre, les panneaux 'route 66' sont malheureusement volés par les touristes (c'est l'autochtone qui nous l'a dit) et les cartes sont assez difficiles à interpreter, en plus la 66 se melange beaucoup à l interstate ici, passe d un côté puis de l autre, remonte dessus, s'y confond, repart en arriere, etc.

mais c est effectivement magique, meme quand on se perd dans le parc forestier de Pecos pendant 20 miles, à quasi 7000 pieds d altitude et 40 degres F de moins que le même matin, non, vraiment c est magique, sans rancune.

bon, on a bien essuyé l equivalent d un ocean en pluie à grosses gouttes qui font mal à la peau, un orage extrêmement violent qui a duré de 19h23 à 19h29, vu plein de coniferes à troncs rouges sur les montagnes et rencontré un pêcheur de truites arc en ciel, les pieds dans la pecos river, qui nous a expliqué que les indiens avaient quitté le village à cause de la malaria et qu au nouveau mexique il existait 2 dialectes espagnols, celui issu des indiens, et celui du mexique, mais que tout le monde se comprenait parfaitement.

on a vu passer le train de santa fe dans la plaine, au loin, entre 2 mesas, j aurais adore être dedans.

à santa rosa (pause internet de ce midi), il y avait le petit musée de la voiture avec des ford mustangs et autres beautés en parfait etat, d ailleurs les bagnoles americaines sont vraiment super belles, et on croise plein de voitures paquebot larges et basses comme je les aime, toujours beiges ou vertes, mates et patinées, je vais en braquer une, c est pas possible!!

on a roule toute la journée pour arriver difficilement à santa fe, attrape-touristes s il en est, mais quel coucher de soleil sur la ville en briques de terre crue orangées, pfffff, CANON!
les motels sont pris d assaut, c est du délire, et on a trouvé une chambre (la derniere du motel, et on a bien tourné avant) à 104 dollars pour 3, ils sont loin nos charmants motels de camionneurs à 40 dollars la nuit...
ceci dit il a une grande piscine couverte -le luxe ici- un ordinateur, un jaccuzzi et le petit dej, j ai deja tout fait sauf le break fast, mais t inquiete que je serai a l heure demain matin pour les saucisses et autres hash browns savoureux..

on a quand même hâte d être à demain, voir à quoi ressemble cette grande ville hispanique perdue au milieu des montagnes à 7000 pieds exactement.
on a beaucoup de parcs à visiter dans le coin, mais vu le prix du motel ca m etonnerait qu on y passe une 2eme nuit, on essaiera d être sur la route d Albuquerque demain.

buenas noches y hasta luego amigos, si si, aqui se habla espanol, muchachos...

14/eme jour AMARILLO (texas)/ TUCUMCARI (new mexico)

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A Amarillo, on a dormi dans un motel avec une piscine royale et à peine levés on est allés manger comme des porcs au Big Texan, un resto dont le slogan est ' on vous offre le steak de 72Oz (2 kilos) si vous le mangez en une heure'

on s'est contenté de 8 Oz chacun qu on a eu du mal à finir puisque la viande est accompagnée de salade, de pommes de terre vapeur, de frites et de champignons entiers sautés.
le resto est marrant, tres western, apparemment une attraction locale, et on peut s'y rendre gratuitement en 'limo' si on la reserve à l avance! il y a plusieurs salles, un rocking chair geant pour la photo du taré qui s enfilera le steak geant ('everything is bigger in texas'), la tête empalée d un énorme elan, parmi d autres trophées de cerfs et autres gibiers, des rampes en bois et une coursive, et même un magasin de souvenirs attenant avec, sous vitrine, des tatous à carapace - il y en a plein ici- empaillés et debout sur 2 pattes avec un colt à la ceinture, une étoile de sheriff sur la poitrine et une casquette sur le museau, l horreur...

le borgne qui mange peu a eu droit à son doggy bag pour la route (ici c'est la 'lunch box', c'est justement pas pour les ienches); au pays de la consommation, ce que tu achetes t appartient.

à adrian, on a fêté la moitié du trajet, déjà, c est fou comme ca passe vite et comme en meme temps nos journées sont pleines.
à quelques miles du nouveau mexique le paysage a changé radicalement, comme si une ligne est-ouest etait tracée dans la nature.
les ranches encore assez verts du texas ont cédé la place à une terre plus aride, avec des arbustes tous ronds et courts sur pattes et des ' mesas' qui apparaissent au loin, le road trip ne saurait tarder à se transformer en western d ici peu!

ce qui est frappant c est l horizon, je n ai jamais pu voir aussi loin, sauf en mer.

il n y a personne sur notre copine la 66 et on s arrete regulierement sur le bas cote pour prendre des photos. sur les derniers miles texans, on a evité un pecari (gros porc epic) ecrasé au milieu de la route, et on a frôlé la panne d essence vers le fameux 'u-drop inn', sinon tout va bien!

à san jon (prononcer 'san honne'), on est tombé sur un visitor center improbable, planqué dans un hangar!!! la gerante etait tres contente de nous voir arriver (tu m etonnes), et nous a sorti un guide sur le nouveau mexique...en francais, qu elle a extirpé d une vieille etagere avec une incommensurable fierté!

on a pris de l essence, il y a plus de stations ici qu au texas (!) mais il parait qu elles vont bientôt se faire rares.
le galon ( presque 4 litres) oscille entre 2,80 et 3,39 dollars depuis notre depart, c est tres aleatoire.
on est entré au nouveau mexique et nous avons reculé nos montres d une heure; ici a tucumcari, on parle espagnol avant tout et la radio ne diffuse que des tubes latino, on est assurement ailleurs.

en passant dans le vieux centre ville (4 façades sans toit et une grand rue au milieu façon western), on n a pas pu resister à l appel de ' l odeon theater', un cinema de 1936 où on s est tapé un navet pour 5 dollars dans une super salle retro, c etait top.

( et là on est vendredi 21 juillet, j ai donc rattrape TOUT le retard du blog, et on est en route pour santa fe, avec une pause à santa rosa où on a trouvé une public librairy avec 3 vieux PC à dispo, royal!!!!)

13/ eme jour ELK CITY (oklahoma)/ AMARILLO (texas)

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my gosh, quelle journée...

le Texas, en tout cas le peu qu on en voit du haut de notre petite route, est à la hauteur de tous les clichés qu on s en fait: des atroces cow boys secs, décervelés, taiseux et mateurs, à croire qu ils entretiennent un mythe.
Sur la petite portion qu on traverse il y a un musée du barbelé (!!), un musée de la dynamite, et plein d endroits dediés à la nation, aux combats militaires, et surtout au Texas avant l Amerique.
Plutôt traverser une grande ville dangereuse 1000 fois à 4 heures du matin que marcher 100 mètres dans la campagne texane.
Je ne sais pas où sont les femmes et les étrangers, sans doute cachés, par contre les rednecks bottés, chapeautés et à ceinture à grosse boucle de fédérés sont tout le long de la route, dans leurs ranchs dont certains peuvent atteindre la taille d'un département francais.

on a atteint le pompon à midi dans le village de Groom, quand on s'est arretés au Saint Mary, l unique restaurant de la ville: les tables sont nommées par apôtre et partout sur les murs des tableaux pieux, des photos du pape, du pasteur local, de soeur emmanuelle, d eglises, des dessins de bondieuseries, des autocollants ' I'm a child, not a choice', le tout géré par un type trop bizarre et glacial qui a dit à l instit apres l avoir observé pendant qu on mangeait:

' you re a teacher'
(silence de l instit interloqué)
' I see things'
( silence de nous 3, flippés)

on a terminé vite fait notre tarte 'pick and pie' ( delicieuse, un don de dieu?), et on a decampé comme des lapins, le type avait pris l instit à la bonne, et l a plus ou moins béni avant de partir.

comme des cons après on est allés voir l attraction de Groom, qui est en fait un immense crucifix de plus de 100 mètres de haut, erigé là par un fermier paroissien, croix toute blanche au milieu de son champ.
A sa base, elle est entourée de 10 porteurs de croix en bronze, chacun sur son 'chemin' tout autour d'elle, et d'une grosse tombe dediée a ' tous les enfants tués par avortement'.

l instit et moi on est restés dans la caisse, pas envie de cautionner cette folie texanne, et c est le borgne qui a fait un tour du monument pour nous raconter.

l instit qui ne jure jamais, a dit dans le texte, pour verbaliser sa trouille:
'je pars de ce lieu en laissant une trace de diarrhée brulante derrière moi'

c'est parlant, non? on s'est vite barré de ce patelin.

nos rencontres ne sont pas tres agréables, le ' don't mess with texas' est à fleur de peau, les gens nous parlent peu et ne demandent pas d'où nous venons, contrairement aux Etats precedents où on voulait savoir d où on arrivait, ce qui nous avait amenés là et où on allait, tout ça derrière un grand sourire et une vraie curiosité.

on avait trouvé une insulte à oklahoma city: 't es même pas bon pour les enchères de Stockyards city', elle est désormais supplantée par ' t es con comme un texan'.

bref, on s'est changé les idées à Amarillo, mais entretemps on s'est retrouvés sur une portion tellement dégueulasse et impraticable de la 66 qu on a dû faire un demi-tour perilleux, à moitié embourbés dans un champs , c est celle qu ils appellent la ' dirt 66'.

à amarillo on a trouvé le soi disant plus grand magasin de bottes du monde avec plus de 18 000 santiags et autres bottines pour hommes et femmes, et des centaines de chapeaux de cow boy dont certains modeles rigides presentés sous globe de verre à 300 dollars.

ca nous a détendus de retourner un peu à la civilisation, en ville le texan est moins redoutable; ce soir on est allés voir le spectacle 'texas' au palo duro (un mini canyon déjà tres impressionnant).
c'est une comedie musicale ultra nunuche à 80 danseurs (country et autres quadrilles parfaitement interpretés), qui raconte l histoire du texas à sa gloire et sa suprematie absolue - avec la maigre apparition d'un indien quémandeur à qui un cow boy magnanime laisse un bout de terrain, fin de la courte parenthèse de l'indien- avec hymne au début, main-sur-le-coeur pour le public et cheval lancé au galop avec drapeau americain à la fin, juste avant un feu d artifice devant la montagne.(la piece est jouée au pied du canyon, en décor naturel, et la nuit arrive pendant le spectacle, c'est à la fois niais et grandiose)

on a vu une mygale grosse comme la paume de la main sur des pierres juste à côté du parking, avec 3 ados bildés et visiblement du cru, qui lui tapaient dessus avec un bâton pour l exciter et faire peur aux filles.

c est bon, demain on range les tongs et on sort les baskets du coffre...

12/ eme jour OKLAHOMA CITY (oklahoma)/ ELK CITY (oklahoma)

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ce matin on a mis le reveil super tôt pour tracer à la plus grande foire aux bestiaux du pays, qui se tient à stockyards city tous les lundis et mardis- on est mardi- à okla ( c est comme ca qu on dit pour oklahoma city quand on est djeuns et in comme nous autres)

le lieu est un immense ranch rempli de boxes sans toit et plein de vaches, buffles et autres veaux et taureaux par centaines; pour les evaluer, on marche au dessus des bêtes sur des passerelles en fer rouillé qui quadrillent la surface, c est gigantesque, et ça meugle a tout va.
ensuite on entre dans l auction arena, la vente aux encheres...

il y a là des cowboys à stetson blancs et bottes crottées qui, dès 8 heures du mat, enchérissent sur les vaches devant un clerc ahurissant qui annonce les prix et les qualités de l animal en parlant super vite et comme en chantant, c est à se rouler par terre de rire (mais c est crade par terre);
les vaches entrent une à une dans l arêne et sur les gradins les gars lancent des prix et des appreciations.

on n a rien acheté, encore que le borgne ait hesité sur une mignonnette genisse, et on est parti visiter le cow boy hall of fame, un super endroit plein de trucs de western, à la gloire de ceux qu ils ont chassés, même s ils les appellent les 'native american' et jamais les 'indians'.

j ai achete au magasin du musée un mini colt à crosse blanche en jouet et une étoile de sheriff, les twins ont pris des joujoux aussi, on rigole bien et on se court après en faisant pan-pan.

ensuite on a fait un tour dans le centre ville très urbain et à la fois tres calme d oklahoma city.
(pause internet 'extra message' d'il y a quelques jours pour ceusses qui suivent!)

plus loin, dans la petite ville nommée Clinton (le borgne se lâche et l instit decouvre la vie, c etait la fête de la blague salace au cigare dans la buick), on a fait une pause au musée de la route 66 (il y en a au moins un par Etat, evidemment situé sur le bord de la route), il est top, on s est regalé de films et d anecdotes sur la construction et l histoire de la 66.

on comprend mieux sa signification et son importance, les americains l adorent mais les villes qui la bordent sont de plus en plus mortes; elle a disparu au profit de la 55, la 40 et tous les autres interstates et highways qui l ont remplacee.
(5 autoroutes à la queue leu leu pour la grande traversée, je crois)

au bord de la route on est passé devant le fameux drive in de lucille hammonds, une memé qu on rencontre inevitablement dans tous les documentaires et guides sur la route 66, c est la 'road s mother', comme ils l appellent en rapport avec la 'mother road' (la route 66)
manque de pot, elle est morte en 2000 , il y a sa croix en face de sa maison, juste sur le bord de la route, tu te gares sans faire gaffe tu lui montes dessus (hum), c est joli non, cette mamie qui delaisse le cimetiere pour se faire enterrer sur sa route?

à Sayre, à quelques miles de la frontière avec le texas, on a proprement halluciné: tous les motels etaient fermés, et les restos semblaient abandonnés depuis des années, j ai demandé un renseignement à 2 vieux soulards posés sur un banc, l oeil vitreux et le verbe rare, trop flippants.
du coup on a carrément rebroussé chemin pour pouvoir dormir quelque part, et on est revenu sur elk city, où l on vient de trouver une chambre pour 41 dollars TTC, tu m étonnes, faut voir le bled.

demain matin on tente une grasse mat, la premiere du voyage, c est dur à cause du soleil et de la chaleur mais ça nous fera pas de mal, on passe la moitié de nos journées dans la voiture, collés aux sièges, c est assez fatigant, du coup le soir on se prend des crises de fou rire démentes pour des conneries.
Albator est super drôle et Klein est très bon public, en general on s endort vers 1 heure du mat pour se lever a 8 heures et avancer, rude!

l instit est super organisé, moi je m en sors pas mal (pour faire les nomades et ne jamais dormir au même endroit pendant plus de 30 nuits de suite t as interet à ranger ta valise...), y a que le borgne qui est un peu long dans la salle de bain et pour decamper tous les matins, une vraie gonzesse, mais apres il nous fait bien marrer dans la voiture et c est surtout un excellent copilote qui commence a maitriser grave les distances, donc on le pardonne ( il n'a pas le permis, alors
c est lui qui nous dicte le trajet et qui fait le guignol en prime)

l instit adore les phrases toutes faites telles que 'on en a pour notre argent, tant qu à faire, tant qu on est là profitons-en', et quand il repond à une question on dirait qu il joue à ni oui ni non ( certainement, je ne crois pas, pourquoi pas, sans doute), c est assez...agacant.

les 2 me surnomment Belle Starr, du nom d une braqueuse de banque qui fricotait vaguement avec jesse james, bref, ils sont plutôt sympas mes boulets.

il est minuit, je suis dans mon plumard, mon nouveau chapeau de cowboy sur la tête et mon mon colt sous l oreiller;
demain midi on sera au Texas, ça se prepare...

11/ eme jour BAXTER SPRINGS (kansas)/ OKLAHOMA CITY (oklahoma)

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baxter springs, c est donc la ville ideale pour le film d epouvante, soleil de plomb, tout est ecrasé, les rues sont absolument vides de voitures et de gens, et les pneus explosent à tout vent sur le bitume brûlant comme en témoignent les dizaines d écorces en caoutchouc qu on a croisées sur la route ces derniers miles.
on n a pas echappé à la malédiction, 7 dollars TTC au garage de la ville-du-motel-de-la-mort pour changer notre pneu crevé, je saurai m en rappeler une fois en france, j'etais à 2 doigts d'épouser le garagiste.

on n aura passé qu une vingtaine de km dans le Kansas et c est notre 3eme etat sur les 8 à traverser, yihaaaa!!!!

en route pour l oklahoma, arret pour grignoter à tulsa, pas tres intéressante (passif tres lourd du criminel KKK dans les années 30), hormis le 'duffys', 2424 east 15th street, où on a rencontré linda et marcy, 2 chouettes waistresses d un non moins chouette resto de route, qui nous ont dedicacé un menu en souvenir, et avaient les yeux qui brillaient quand on leur parlait de notre voyage.
elles rêvent d aller voir le grand canyon, n ont jamais quitté tulsa et n ont plus 20 ans.
c etait une belle rencontre.

de retour sur la route on a fait une pause hommage à la grande époque de la 66 à catoosa,
pour y admirer une grosse baleine bleue et creuse en sorte de résine, qui a dû amuser des tonnes de gosses avant d etre abandonnée.
du coup la barrière est ouverte, l herbe y a poussé, et la pauvre cabane-baleine deteint doucement dans son petit lac privé, plein de libellules demesurées.


on a vu passer une tortue juste devant la voiture, une grosse, et dans le missouri on ne comptait plus les opposums écrasés sur le bord de la route, c est un zoo permanent ici (et il faut voir la taille des cafards...)

on est entré dans l oklahoma, les villes sont désertes et les motels fermés, il y a des stations essence abandonnées par dizaines en bord de route, ça fait des photos super, vous devriez voir ça ! (ça énerve hein)

on a fêté nos 1000 premiers miles, et on commence à capter les accents, c est très drôle, on a une phrase type par etat, à chicago dans le metro c etait ' this is Monroe; doors open on the left', très detaché dans les syllabes; dans le missouri c etait ' pleaaaaase folloooooow meeee' chanté par le guide dans les meramecs caverns; au kansas c etait ' you guys have fun here in kansas ?' en parlant du nez, et ici en oklahoma les gens parlent tres lentement ' have a gooooood trip maaan you know, have fun yeah maaaaan', comme ce biker incroyable rencontré ce soir, et dont le pote d enfance (d oklahoma city, donc), est marié à une fille de...Clamart!
c est un ancien trucker, il est content pour son pote qui vit en france mais qui lui manque beaucoup, et il raconte que quand son copain passe de temps en temps il raboule du vin delicieux qu ils boivent tous les 2 et it s like oh my god.

il a des cheveux longs et une barbe jaune qui rebique en 2 parties nettement séparees (le vent de face en moto?), les jambes écartees à cause de sa harley.
il nous a appris non sans fierté que marylin etait d ici, et chuck norris aussi!

la vie y est douce et les oakies sont bien cool, ils racontent volontiers leur histoire et leur exode vers l ouest apres l effroyable tempête de sable et de poussiere ( et c est là ou il faut relire ses "grapes of wrath".)

on s est poses dans un motel de luxe,
60 dollars la chambre avec grande piscine, transats et machines à laver, on ne se prive pas
(et hop, la première lessive du voyage, allez les gorets)

10/ eme jour STANTON (missouri)/ BAXTER SPRINGS (kansas)

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reveil tranquille au motel, plongeon dans la mini pool, 8h30 mais le soleil est déjà debout depuis bieeeeen longtemps.
chicago est tres loin, et dans les moeurs et dans le paysage, en regardant les photos ( j y ai acheté un numerique), j ai l impression que j y etais il y a 1000 ans.

ce matin on est allés visiter les meramec caverns, des grottes demesurées où se cachait jesse james, grande balade de plus d une heure à 60°F, ça caillait à mort mais magnifique panorama (éclairage super kitsch) jusqu au moment où on nous a fait asseoir dans un theatre naturel et où une voix pre-enregistree nous a annoncé que le "god bless america" qui allait suivre etait dedié aux soldats americains d hier, d aujourd hui et de demain.
pris au piege, ils nous ont donc balancé l hymne devant ces pauvres stalactites, pour finir en les eclairant d un drapeau americain en hologramme- grandiose, quelque part- tout ça sous les applaudissements frénétiques des spectateurs, tous larme à l'oeil.

en sortant des grottes on a donc evité le musee de cire de jesse james, de peur d une envolée patriotique d'encore plus mauvais gout.

l illinois etait une grande prairie agricole absolument plate et pleine de lacs, le missouri est vallonné, vert, plein de forêts et de rivières.
on y a croisé un 'soulard parking', un 'pomme de terre lake', et des dizaines de panneaux de type ' où en est ta relation à jesus?'

on a depassé un autre springfield, sans interet, et on a fait une pause au drive in de carthage, retapé il y a 10 ans, devant lequel quelques dizaines de voitures faisaient la queue pour 'transformers' sur ecran geant à 19h00, chacun sur sa place de parking, avec le pique-nique qui va bien.

le but etait d arriver dans le kansas ce soir, on y est!
on s est pris une crise de fou rire avec le borgne dans le couloir d un motel digne d un film d horreur, avec un rai de lumiere et des ombres furtives filtrant sous une porte close mais personne qui repond quand on frappe...du coup on s est barrés en courant comme des gamins, une bien bonne poilade.

en fait on ne parcourt que 13 miles dans le kansas, mais comme laura ingalls le disait à travers ses nattes, c est 'une immense plaine' à perte de vue.

une douche froide et au lit; il fait de plus en plus chaud, on colle aux sièges et on boit facilement 2 à 3 litres d eau par jour sans se forcer.
la bouffe c est l horreur, les gens sont énormes mais il faut voir ce qu on leur propose au resto ou dans les magasins.

les tomates s achètent parfois en bord de route pour 75 cents piece et la fermiere nous a regardés comme des extra terrestres quand on les a portées directement a la bouche ( les tomates c est pour faire de la couleur dans les hamburgers)
on va réussir à maigrir aux states, dingue!

morte de rire, on nous a preparé une chambre ' de luxe' à 3 lits, mais comme laurel et hardy sont habitués a dormir ensemble depuis le début, ils flippent carrement de dormir separement à cause de notre aventure au 'motel de la muerte', comme on l appelle, ah ah ah les flipettes, non mais avec qui je voyage....


9/eme jour SPRINGFIELD (illinois)/ STANTON (missouri)

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debout aux aurores! à Springfield on n a pas trouvé Homer mais le monument, le musee et la tombe de Lincoln, tous dans la démesure.

direction Saint Louis, Missouri, sur les rives du Mississipi où on espere bien croiser Tom Sawyer, c est l Améri-keu, d abord le pont du canal Chain of Rocks et le voilà, enorme! (le Mississipi, pas tom sawyer, haha la pov'fille qui tope une borne internet tous les 6 jours pour un quart d heure mais qui trouve le moyen de faire des blagues pourries- à propos, pas de photos, pas le temps malheureusement de les importer...)

pause donc, on vient de changer d etat et ca se fête dans un fast food local delirant où il faut prendre des tickets pour recuperer son mega burger dans une foule de 50 personnes au bas mot.

à St louis ils ont construit une arche en acier de quelques centaines de metres de haut qui symbolise la porte de l Ouest, elle est magnifique, une prouesse architecturale, sa structure est legèrement torsadée: on peut grimper à l interieur en nacelle, plutot mourir, j ai donc cédé ma place à Heckel et Jeckel mes deux compagnons, qui prendront des photos pour moi depuis tout là-haut.

j ai trempé mes ièpes dans le Mississipi, oh yeah, il est tiède et sale, en tout cas au niveau de st louis, avec des usines et des casinos sur l autre berge.
Becky et Huckleberry doivent être un peu plus bas...

Retour sur la route direction l'west, la route est moins facile à trouver ici qu en illinois, on a dû rebrousser chemin plusieurs fois.
c est quand on est dans la voiture avec les plans sous les yeux qu on se rend compte de l ampleur du voyage, d autant que l echelle est au niveau du mile, donc assez demesurée, un cm sur une carte égal 20 km...(la 'prochaine à droite' n est jamais avant 800 metres!)

j ai dit à un flic au sortir de st louis qu on allait à LA il s est pris une crise de fou rire et nous a souhaité good luck en secouant la tête pour lui même et nous regardant nous éloigner dans la Belbuick.

une serveuse de resto nous a demandé avec des yeux ronds si la France etait REELLEMENT en Europe, et du coup l instit lui a dessine une carte du monde en lui situant la tour eiffel, elle etait epoustouflée, et ses cops sont restees sans voix derriere le comptoir.
la bouffe n est pas bonne, mais pas chere, et les motels sont passes de 70 dollars dans l illinois à 45 la chambre pour 3 dans le Missouri, c est royal au bar.

ce soir on est arrivés à Stanton, un bled en bord de route, dans un motel improbable avec une minuscule piscine en forme de haricot, comme les grandes.
il fait de plus en plus chaud, le motel est parfait, un vieux neon qui clignote, un unique rez de chaussée, 10 chambres et devant, la route.


8/ JOLIET - SPRINGFIELD (illinois), 7eme jour

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le matin à 9 heures il n y avait deja plus personne, c est un vrai 'motel', tu dors et tu disparais au lever du soleil.
on a visité le petit musee de la route à Joliet où la gérante Elaine nous a fait signer son registre de passage: des chinois, des neo zelandais, un nepalais (!!), des anglais, mais de français point; nous sommes les premiers de la saison, pas peu fiers.
elle nous a refilé plein de cartes illisibles et nous a demandé de passer le bonjour à une copine à elle, autre gerante du même genre de musee, à 3000 kilometres de là! on n y manquera pas...

apres un petit dej sausage-bacon-and-eggs dans un sandwich, glurp, on a filé à travers l Illinois, en suivant differents morceaux de la 66, dont des tronçons du tout debut, 1926. (ah ah)
c est marrant parce que par moment on est sur notre petite route pepere et à gauche il y a l interstate, et à droite le chemin de fer, et nous on se sent les rois du monde entre les deux, et on passe comme ça de villes en villes, toujours plus vers le mississipi.

quand on demande notre chemin et qu au bout d un moment on explique aux gens qu on va jusqu à los angeles, il y a 3 reactions: la crise de rire, les yeux au ciel ( oh my gosh!) et les anecdotes de ceux qui l ont deja faite, et meeeerde j'ai plus le temps l'ordi va s eteindre, à plus!!!!

7/ CHICAGO -JOLIET, ILLINOIS (5 et 6emes jours)

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ah y est, on a la voiture, zetes bien accrochés au mulot?
une buick lacrosse blanche, enorme, brillante, avec des feux ronds à l avant et un de ces culs!

apres un petit dej americain servi dans la poêle (scrambled eggs, bacon and potatoes) chez lou mitchell sur jackson boulevard, le fameux rendez vous de ceusses qui prennent la route, on a dit au revoir à la très belle mais un poil froide chicago sur adamstreet, où on a vu notre premier panneau route 66, quelle émotion!!!

"simple to go out", qu ils disaient, t as raison, ils ont juste oublié de preciser l echelle tres particuliere aux plans us et les distances entre chaque point: 3 lignes de lonely planet, c est 10 miles dans la vue (et oui je parle en miles et en farenheit et en feet et en pennies, d ailleurs il y a de grandes chances pour que je revienne bilingue vu que l instit est flippé à l idee de parler et que le cyclope ne parle pas anglais, malgré son quart de tour du monde)

bref, j ose à peine l ecrire, on est à Joliet, Illinois (la 'fox river' de prison break, et celle des blues brothers!!!) alors qu on devrait être à st louis, à 300 miles au sud!!!hum, ça commence bien...
on s est bien perdus, on a bien rigolé, la route n existe plus sur les cartes, donc c est ta boussole et au feeling, avec l aide de quelques guides ecrits en anglais par des passionnés un peu loufoques qui nous font passer par des endroits pas possibles.
ca va etre chaud et au sens propre aussi, on est deja collés aux sieges avec des gouttes de sueur tièdes qui roulent entre les omoplates, et on a les cheveux de la nuque mouillés comme ceux des petits enfants fiévreux.

bref, on est arrives peniblement à joliet, epuises mais contents d avoir quitte la higway 55 qui nous a bien foutus dedans, la pute (ohhhh)

la ville est bien sympa, on est tombé le jour de la grande raceway, une grosse course de bagnoles nascar, il y en a dans tous les coins avec plein d attractions gratos, j ai deja gagne un collier et un termos pour ma bouteille d eau, hahaha, je kiffe joliet!
on a failli s essayer au rodeo sur un faux taureau electronique guidé a distance par un sadique, à en voir les mecs qui volent dans tous les sens.

l ambiance est deja tres differente, les intellos lecteurs de chicago sont loins, ici ca bouffe du pop corn a gogo, ca mesure 2 mètres dans les 2 sens et ca rigole sec.

et là, je suis où!???
dans mon premier motel, un vrai de vrai comme dans les films, on est garé sous la chambre 218, pres d un petit escalier qui monte sur une coursive, avec les numeros des portes en laiton et la baie vitree en guise de fenêtre...


PS merci pour les commentaires!!!!!

6/ CHICAGO BY NIGHT ( 4eme soir)

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derniere soirée dans les bas fonds de chicago...
la moitie des mecs qu on a croisés dans le no mans land autour du buddy guys, pres du chinatown local, etaient bourrés comme des cochons ou defoncés et nous ont demandé de la thune.
l instit etait terrorise, heureusement c etait apres le show de lindsay alexander, roi de la gratte, donc on etait plutot detendu! bref, c est notre derniere nuit, notre derniere biere, notre dernier building avant la poussiere et les quelques 5000 km qui nous séparent du Pacifique...

demain on s arrache pour le far far west, on récupère la voiture de loc à 10 heures et roule ma poule...!

extra message!

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ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh y a pas internet chez lézaméricains!!!!!mort de rire!!!! enfin du moins dans les bleds où l on passe, donc c est juste une parenthese pour dire qu on a passé l illinois, le missouri et le kansas, qu on est dans l oklahoma, qu il fait une chaleur de bite et que tout va bien, qu on roule doucement mais surement toujours plus vers l ouest, dans une interminable course contre le soleil qui nous brûle les yeux des la fin de l apres midi, à tel point qu'on ne peut plus conduire.

bref, je continue le blog depuis le debut, mais il me semble que c etait il y a 2 mois, chicago nous parait trèèèès loin...! (du coup je n arriverai sans doute pas à rattraper le retard du blog mais je fonce!!!)
bizzzzzzz

5/ CHICAGO (3eme et 4eme jour)

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chicago, c est apparemment tres propre sur soi, et il n y a plus trop de traces d al capone:
tres grandes avenues dont les champs elysees locaux surnommés modestement The Magnificent Mile, gratte ciels super beaux, ecoles d archi et librairies à tous les coins de rue, concerts de classique en plein air, oeuvres d art dans tous les parcs, propreté absolue, discipline au feu rouge et gentils policiers avec des etoiles de sheriff qui se deplacent sur ces especes de trucs verticaux à 2 roues, guidon, et moteur silencieux.

sauf qu il y a plusieurs niveaux à chicago, parfois même elle change d'aspect sur 3 etages:
metro en sous sol, rues sombres en rez de chaussee, metro aerien (the loop, qui fait une boucle en rectangle au dessus du centre ville, un peu comme un môme qui aurait attaché les rails de son train electrique à angle droit pour rigoler), et puis grandes avenues encore au-dessus, et au milieu coule une rivière, emeraude.

en gros il y a la vie d en haut et la vie d en bas.
ceci dit tout le monde se melange dans la rue, côte à côte sur les bancs, chez donky donuts ou au starbuck du coin, les bluesmen de la nuit (derniers concerts vers 2h00) , les clochards en grand nombre, les joggers de la rive et les costumes 3 pieces qui bossent dans la tour de la city bank ou consoeurs à quelques centaines de metres de haut.
du coup l ambiance est tres eclectique, tolerante et sympa.

il y a beaucoup de vent, je me suis retrouvee plusieurs fois l ourlet de la jupe au niveau des yeux, super, mais il fait tres tres chaud en ce moment, et tous les soirs depuis qu on est arrivés on a des orages terribles qui durent 20 minutes et puis s en vont.

à l art institute of chicago, j ai vu le fameux tableau American Gothic de grant wood, entre autres je ne sais combien d oeuvres etrangeres (et françaises), classées par Gallery de personnes les ayant eues dans leurs salons pour de vrai, donc c est plein de salles remplies d oeuvres de tout genre selon les gouts des mécènes (la salle des Rotschild est superbe)

je suis montee à la sears tower, c est fou on voit presque la rotondité de la terre tellement c est plat et sans relief tout autour, des prairies à perte de vue une fois sorti des buildings, et idem pour le lac, il est si grand qu on dirait la mer.
entre les 2 plages artificielles autour du lac, tout le monde fait son jogging sur plusieurs miles en soirée, une vraie autoroute pietonne sur la berge, juste sous le periph, et comme le coucher de soleil urbain ça a de la gueule, je les comprends.

j ai vu le super parc de chicago avec son enorme haricot poli qui reflete les buildings, c est booooo...
2 installations video permanentes dans ce meme parc qui jouent avec l eau et sont geniales, et la salle de concert geante à ciel ouvert, bref Chicago, à vue de nez et sur 4 jours parmi les gens qu on a rencontrés, c est canon, travailleur et intello. (un peu bruyant aussi à cause des klaxons et des pompiers qui à la moindre alerte tracent comme des fous avec leurs sirenes hurlantes, mais à leur decharge, ils sont un peu trauma des incendies ici...)

les comperes sont sympas, j ai passe la soiree d hier avec n-a-qu-un-oeil, on a discuté de ses voyages entre 2 concerts de blues et une grande balade de nuit sur le Navy Pier, il a 1000 trucs a raconter et comme il a grave la poisse c est super drôle, et aujourd hui avec l instit on a fait la croisiere de l architecture sur la river chicago, comme ça pas de jaloux.
c etait très agreable, il a même essaye de me rouler une pelle (nan je deconne)
ils sont mignons comme tout, j ai droit a la douche en premier, ils se lavent les pieds avant d aller dormir et ne me collent pas trop aux basques.

demain à l aube on va chercher la voiture, et juste avant le depart on va baffrer des oeufs brouillés au Lou Mitchells sur jackson boulevard, pres du loop, d où demarre la route 66, et donc où se retrouvent les routiers...
parler du projet ici c est genial, les gens disent tous qu ils nous admirent, qu ils sont contents qu on s interesse à leur histoire et qu eux memes aimeraient bien la faire un jour, y a meme le type de la sears tower qui veut que je lui envoie une carte postale de LA parce qu il pense que je vais devenir actrice là bas, trop mignon.

je ne sais pas où on dort demain soir, a priori toujours dans l illinois ou alors peut etre vers st louis dans le Missouri ou un peu plus loin, vers un des 14 springfield des states, no idea.
(ici ils organisent un concours via internet pour voter pour son springfield preferé, et c est là qu aura lieu l avant premiere du film les Simpsons)

Pour la peine ce soir on va ecouter du blues en buvant des binouzes (sans les kotlettdeporc) au Buddy Guy s legend!


...Come on, baby don't you want to go,
to the same old place,
sweet home,
Chicago...

4/ PARIS CHICAGO

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ah bah ca commence bien...le vol Detroit Chicago a ete annulé et on a dû dormir à detroit avec l instit; deja qu il avait failli louper l avion a Paris, j ai cru qu il allait frôler le trauma.
Sauf que le repris de justice n ayant pas de telephone, on a dû joindre l hotel de chicago pour lui laisser un message, faxer les papiers depuis Detroit parce que le gerant ne voulait pas le laisser dormir dans la chambre, bref, on est donc arrivés à Chicago lundi vers midi au lieu de dimanche soir, et on a fait connaissance avec notre 3eme acolyte...

perso, je le voyais genre Pepito ( et c est jojo et celine qui vomissent en choeur), et en fait c est un peu pire, le repris de justice parle vite et nerveusement sans pour autant finir ses phrases, il est mega speed et tout petit, ce qui donne un pendant interessant au flegme mollasson du grand instit, et il porte des lunettes noires, parce qu il lui manque un oeil! (mais il a menti sur ses dents, c etait peut etre une preparation psychologique?)
en arrivant il puait un peu la mort parce qu il venait de washington en greyhound, 17 heures de bus donc, et quand on est rentrés dans la chambre d hotel c etait un peu trash.

du coup, l instit et l evade d alcatraz dorment ensemble et s entendent plutot pas mal, et moi je m étale telle une princesse dans mon king size!

un fameux trio qui se prepare à arpenter les rues venteuses mais tres chaudes (90 degre F) de Chicago...

3/ DEROULEMENT

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alors voila comment ça va se passer: dimanche on trace à Chicago ou l'on reste 4 nuits à écouter du blues et manger des pizzas.
ensuite on prend la route à la croisée de Michigan Avenue et Adams street avec notre belle Chevrolet Impala et roule ma poule...

en un mois on va traverser 8 états sur la frêle 66:
illinois, missouri, kansas, texas, nouveau-mexique, arizona, et californie.
on devrait être à Los Angeles vers le 10 Aout au plus tard, après un détour par Las Vegas, et revenir sur Paris le 13 Août.

yihaaaaa, en voiture Simone, get your kicks on route 66...

PS: alors le coup du blog c est sympa, mais entre le clavier qwerty et l'acces internet restreint, je pense que les nouvelles vont vite se faire rares, ou en tout cas décalées...

2/ Compagnons de route

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Toute seule j’aurais adoré, avec des amis aussi, avec un amoureux encore mieux, mais rien sous le coude pour ce beau voyage, donc je pars avec 2 inconnus trouvés sur des forums de voyage divers :
Un repris de justice édenté (c'est lui qui le dit au téléphone) qui part des Antilles françaises pour nous rejoindre à l’aéroport de Chicago dimanche soir, et un instit de 38 ans qui en fait 10 de plus et qui porte ses pantalons remontés sous les aisselles.

Le plus, c’est que j’ai déjà rencontré l’instit fin Avril, à mi-chemin entre sa Bretagne et mon Paris : on a colorié nos cartes routières, émis quelques idées sur notre « planning étape », mangé un sandwich sur une aire de pique-nique, et on s’est dit « à dans 3 mois ».
Le moins, c’est que l’autre, je ne l’ai jamais vu, on s’est juste parlé au téléphone il y a 3 semaines et depuis pas de nouvelles, il avait l’air paumé et disait « le temps et l’argent, c’est tout ce qui me reste, mais j’ai tellement une sale gueule qu’en général je ne passe pas les frontières ».

Génial, on va bien rigoler!

Ceci dit, je suis bien contente qu’on soit déjà 2 parce que les forums de voyage, c’est sympa mais c’est un peu surprise à tous les étages.

Entre le mec qui essaie de refiler en baby-sitting son fils de 17 ans (sans lui, bien sûr) mais qui ne l’avoue qu’au bout de 5 mails, celui qui se croit sur Meetic et s'écoute parler pendant 2 heures à un RV foireux, celle qui est sur TOUS les forums de voyage, omnisciente mais dédaigneuse dans ses conseils, ceux qui répondent complètement à côté de la question, ceux qui s'enflamment ouais-trop-de-la-balle-on-vient-avec-vous et qui finalement, une fois relancés, avouent que non, ils partent en camping à la Baule ah bon on vous avait pas prévenus, celle qui demande qu'on lui ramène des souvenirs de la route et la pot de colle qui t’assaille plusieurs fois par jour de questions profondes type:
« fait-il chaud en Août en Arizona ? »,
c’est un peu Noël tous les jours.

Bref...
Dimanche soir je dormirai au Red Roof Inn Downtown
de Chicago,
On sera peut-être 3,
On sera sûrement 2,
Qui vivra verra!
(et lira la semaine prochaine)...